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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/329

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ligieux n’avait posée jusqu’ici que sur le front de Marie, sainte Anne n’a pas de légende. L’Évangile ne la nomme même pas. Saint Épiphane, le premier, je crois, parle de sa longue stérilité qui pesait sur elle comme une opprobre. À la fête des Tabernacles, le prêtre rejeta son offrande. Elle se cachait dans sa maison de Nazareth quand, déjà sur le retour, elle enfanta Marie.

Les pèlerins d’Auray chantent, sur l’air d’Amaryllis vous êtes blanche, un cantique dans lequel Anne demande en ces termes un enfant au ciel :


— Mon Dieu, mon tout que j’aime et que j’adore,
Ayez pitié de ma stérilité !
Depuis vingt ans elle me déshonore,
Couronnez-la par la fécondité.
Je vous promets, grand Dieu, plus de cœur que de bouche,
De vous offrir le fruit de notre couche.

Je n’ose plus hanter aucune amie.
Je ne reçois que mépris et qu’affront.
Ôtez, Seigneur, la tache d’infamie.
Que fait monter la honte sur mon front,
Jetez un seul regard sur votre humble servante
Qui, soumise à vos lois, et pleure et se lamente.


Qu’importe, après tout, si cette assemblée d’Auray, qui réunit tant d’hommes dans une