Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/62

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trouve agréables. Elle a des yeux tout neufs que le rouge vif ne blesse point. C’est pour les regards usés des citadins que les peintres des villes éteignent les tons avec prudence. Les yeux de Catherine sont de bons petits yeux qui aiment les coquelicots. Les coquelicots, voilà ce que Catherine préfère. Mais leur pourpre fragile s’est déjà fanée et la brise légère effeuille dans les mains de l’enfant leur corolle étincelante. Elle regarde, émerveillée, toutes ces tiges en fleur, et elle voit toutes sortes de petits insectes courir sur les feuilles et sur les fleurs. Ces plantes qu’elle a cueillies servaient d’habitation à des mouches et à de petits scarabées qui, voyant leur demeure en péril, s’inquiètent et s’agitent. Catherine ne se soucie pas des insectes. Elle trouve que ce sont de trop petites bêtes et elle n’a d’eux aucune pitié. Pourtant on peut être en même temps très petit et très malheureux. Mais c’est là une idée philosophique et, pour le malheur des scarabées, la philosophie n’entre point dans la tête de Catherine.

Elle se fait des guirlandes et des couronnes et se suspend des clochettes aux oreilles ; elle est maintenant ornée comme l’image rustique