Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/66

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mange quand il a faim. Mais Catherine n’a pas un morceau de pain pour donner à son petit frère.

Elle lui dit :

« Mon petit frère, retournons à la maison. » Et ils songent tous deux à la soupe aux choux qui fume dans la marmite pendue à la crémaillère, au milieu de la grande cheminée. Catherine amasse ses fleurs sur son bras et, prenant son petit frère par la main, le conduit vers la maison.

Le soleil descendait lentement à l’horizon rougi. Les hirondelles, dans leur vol, effleuraient les enfants de leurs ailes immobiles. Le soir était venu. Catherine et Jean se pressèrent l’un contre l’autre.

Catherine laissait tomber une à une ses fleurs sur la route. Ils entendaient, dans le grand silence, la crécelle infatigable du grillon. Ils avaient peur tous deux et ils étaient tristes, parce que la tristesse du soir pénétrait leurs petites âmes. Ce qui les entourait leur était familier, mais ils ne reconnaissent plus ce qu’ils connaissaient le mieux.

Il semblait tout à coup que la terre fût trop grande et trop vieille pour eux. Ils étaient las et