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les fautes des grands


Les routes ressemblent à des rivières. Cela tient à ce que les rivières sont des routes ; ce sont des routes naturelles sur lesquelles on voyage avec des bottes de sept lieues ; quel autre nom conviendrait mieux à des barques ? Et les routes sont comme des rivières que l’homme a faites pour l’homme.

Les routes, les belles routes aussi unies que la surface d’une fleuve et sur lesquelles la roue de la voiture et la semelle du soulier trouvent un appui à la fois solide et doux, ce sont les chefs-d’œuvre de nos pères qui sont morts sans laisser leur nom et que nous ne connaissons que par leurs bienfaits. Qu’elles soient bénies, ces routes par lesquelles les fruits de la terre nous viennent abondamment et qui rapprochent les amis.

C’est pour aller voir un ami, l’ami Jean, que Roger, Marcel, Bernard, Jacques et Étienne ont pris la route nationale qui déroule au soleil, le long des prés et des champs, son