Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/69

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joli ruban jaune, traverse les bourgs et les hameaux et conduit, dit-on, jusqu’à la mer où sont les navires.

Les cinq compagnons ne vont pas si loin. Mais il leur faut faire une belle course d’un kilomètre pour atteindre la maison de l’ami Jean.

Les voilà partis. On les a laissés aller seuls, sur la foi de leurs promesses ; ils se sont engagés à marcher sagement, à ne se point écarter du droit chemin, à éviter les chevaux et les voitures et à ne point quitter Étienne, le plus petit de la bande.

Les voilà partis. Ils s’avancent en ordre sur une seule ligne. On ne peut mieux partir. Pourtant, il y a un défaut à cette belle ordonnance. Étienne est trop petit.

Un grand courage s’allume en lui. Il s’efforce, il hâte le pas. Il ouvre toutes grandes ses courtes jambes. Il agite ses bras par surcroît. Mais il est trop petit, il ne peut pas suivre ses amis. Il reste en arrière. C’est fatal ; les philosophes savent que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Mais Jacques, ni Bernard, ni Marcel, ni même Roger, ne sont des philosophes. Ils marchent selon leurs jambes, le