Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/83

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trouva une araignée dans le calice après la consécration.

« Quels ne furent pas son trouble et sa douleur, dit l’abbé Simler, mais il sut se montrer à la hauteur d’une circonstance si terrible. Il prit délicatement la bestiole entre deux doigts, et… »

À ce mot, la cloche sonna les vêpres. Et l’abbé Simler, observateur de la règle qu’il était chargé d’appliquer, se tut et fit former les rangs. J’étais bien curieux de savoir ce que le prêtre avait fait de l’araignée sacrilège. Mais ma tunique m’empêcha de l’apprendre jamais.

Le dimanche suivant, en me voyant affublé d’un habit si grotesque, l’abbé Simler sourit discrètement et me tint à distance. C’était un excellent homme, mais ce n’était qu’un homme ; il ne se souciait pas de prendre sa part du ridicule que je portais avec moi et de compromettre sa soutane avec ma tunique. Il ne lui semblait pas décent que je fusse en sa compagnie, tandis qu’on me fourrait des cailloux dans le cou, ce qui était, je l’ai dit, le soin incessant de mes camarades. Il avait en quelque sorte raison. Et puis il craignait mon voisinage à cause des balles qu’on me jetait de toutes parts. Et cette