Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/201

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telle figure et de telles habitudes, son nom devrait être plutôt rapproché du verbe Πάω, qui veut dire paître, puisqu’il paissait les agneaux ; et il est probable que telle en est la première et vraie signification. Quant à devenir le symbole de l’univers, c’est une fortune qui advint à ce demi-homme par une ressemblance fortuite de sons. Les poètes pensent, le plus souvent, par calembours et jeux de mots. Et beaucoup d’hommes sont poètes en cela.

Ne doutant pas que le grand Pan ne fût le grand Tout, Pantagruel ne put se défendre de penser que ce grand Tout est le Dieu fait homme et que la parole entendue par Thamous annonce la mort de Jésus-Christ.

— Je l’interpréterai, dit-il, de ce grand servateur des fidèles qui fut, en Judée, ignominieusement occis par l’envie et iniquité des Pontifes, docteurs, prêtres et moines de la loi mosaïque. À bon droit, ajoute le doux géant, il peut être dit Pan en langue grecque, car il est notre Tout. Tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons, tout ce que nous avons, tout ce que nous espérons est lui, en lui, de lui, par lui. C’est le bon Pan, le grand pasteur qui a en amour et affection ses brebis et ses bergers, à la mort duquel s’élevèrent plaintes, soupirs, effrois et lamentations en toute la machine de l’univers, cieux, terre, mer, enfers.

En parlant de la sorte, Pantagruel, au dire de