Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/26

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théisme. Elle a égayé l’évangile d’une riche mythologie ; elle a rétabli un commerce familier entre le monde divin et le monde terrestre. Les paysans exigent des miracles de leurs saints protecteurs et les couvrent d’invectives si le miracle tarde à venir. Le paysan, qui avait sollicité inutilement une faveur du Bambino, retourne à la chapelle et, s’adressant cette fois à l’Incoronata :

» — Ce n’est pas à toi, fils de putain, que je parle, c’est à ta sainte mère.

» Les femmes intéressent la Madre di Dio à leurs amours. Elles pensent avec raison qu’elle est femme, qu’elle sait ce que c’est et qu’on n’a pas à se gêner avec elle. Elles n’ont jamais peur d’être indiscrètes, ce qui prouve leur piété. C’est pourquoi il faut admirer la prière que faisait à la Madone une belle fille de la Riviera de Gênes : « Sainte mère de Dieu, vous qui avez conçu sans pécher, accordez-moi la grâce de pécher sans concevoir. »