Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/46

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vraiment grecs de naissance et d’éducation, malheureux seulement de n’en découvrir qu’un petit nombre et d’exercer le plus souvent son autorité sur une multitude infâme de Juifs et de Syriens, équitable toutefois envers ces asiatiques, et s’en félicitant comme d’un vertueux effort.

Il résidait à Corinthe, la cité la plus riche et la plus peuplée de la Grèce romaine. Sa villa, construite au temps d’Auguste, agrandie et embellie depuis lors par les proconsuls qui s’étaient succédé dans le gouvernement de la province, s’élevait sur les dernières pentes occidentales de l’Acrocorinthe, dont le sommet chevelu portait le temple de Vénus et les bosquets des hiérodules. C’était une maison assez vaste qu’entouraient des jardins plantés d’arbres touffus, arrosés d’eaux vives, ornés de statues, d’exèdres, de gymnases, de bains, de bibliothèques, et d’autels consacrés aux dieux.

Il s’y promenait un matin, selon sa