Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/54

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ses par la folie des hommes et les vices du siècle, étaient exposés l’héritage d’Auguste et la fortune de Rome.

— J’ai vu de près, mon frère, lui répondit Gallion, ces crimes et ces folies dont tu t’affliges. Assis au Sénat, j’ai pâli sous le regard des victimes de Caïus. Je me suis tu, ne désespérant pas de voir des jours meilleurs. Je crois que les bons citoyens doivent servir la république sous les mauvais princes plutôt que d’échapper à leurs devoirs par une mort inutile.

Comme Gallion prononçait ces paroles, deux hommes encore jeunes, portant la toge, s’approchèrent de lui. L’un était Lucius Cassius, d’une maison plébéienne, mais ancienne et décorée, originaire de Rome. L’autre, Marcus Lollius, fils et petit-fils de consulaires et toutefois d’une famille équestre, sortie du municipe de Terracine. Ils avaient tous deux fréquenté les écoles d’Athènes et acquis une connaissance des lois de la nature à laquelle