Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/57

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— Il est vrai, Marcus. On attend qu’il tire de sa flûte des sons agrestes, dit Gallion. Un esclave grec l’a sculpté dans le marbre d’après un modèle ancien. Les Grecs excellaient autrefois à faire ces bagatelles. Plusieurs de leurs ouvrages en ce genre sont justement célèbres. On ne peut le nier : ils ont su donner aux dieux un visage auguste et exprimer sur le marbre ou l’airain la majesté des maîtres du monde. Qui n’admire le Jupiter Olympien de Phidias ? Et pourtant qui voudrait être Phidias ?

— Certes aucun Romain ne voudrait être Phidias, s’écria Lollius, qui dépensait l’immense héritage de ses pères à faire venir de Grèce et d’Asie les ouvrages de Phidias et de Myrrhon, dont il ornait sa villa du Pausilippe.

Lucius Cassius partageait cet avis. Il soutint avec force que les mains d’un homme libre n’étaient pas faites pour manier le ciseau du sculpteur ou le cestre du peintre