Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/60

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ce discours et dit en caressant sa barbe philosophique :

— Les fils d’Iule sont nés pour gouverner le monde. Tout autre soin serait indigne d’eux.

Et longtemps, d’une bouche arrondie, il vanta les Romains. Il les flattait parce qu’il les craignait. Mais, au dedans de lui-même, il ne sentait que mépris pour ces intelligences bornées et sans finesse. Il donna des louanges à Gallion :

— Tu as orné cette ville de monuments magnifiques. Tu as assuré la liberté de son Sénat et de son peuple. Tu as établi de bonnes règles pour le commerce et la navigation, tu rends la justice avec une équité bienveillante. Ta statue s’élèvera sur le Forum. Le titre te sera décerné de second fondateur de Corinthe, ou plutôt Corinthe prendra de toi le nom d’Annaea. Toutes ces choses sont dignes d’un Romain et dignes de Gallion. Mais ne crois pas que les Grecs