Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/59

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comme un malheur public. Et l’on rapporte qu’il ne quittait pas la toge pour peindre ses figures, faisant connaître par là que cette tâche n’était pas indigne d’un citoyen romain. Il reçut le surnom de Pictor que ses descendants s’honorèrent de porter.

Lucius Cassius répliqua vivement :

— En peignant des victoires dans un temple, Caïus Fabius considérait ces victoires et non la peinture. Il n’y avait pas alors de peintres à Rome. Voulant que les grandes actions des aïeux fussent sans cesse présentes aux yeux des Romains, il donna l’exemple aux artisans. Mais de même qu’un pontife ou un édile pose la première pierre d’un édifice et ne fait pas pour cela métier de maçon ou d’architecte, Caïus Fabius fit la première peinture de Rome sans qu’on puisse le compter au nombre des ouvriers qui gagnent leur vie à peindre sur des murs.

Apollodore, d’un signe de tête, approuva