Page:Anatole France - Thaïs.djvu/137

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l’âme de Thaïs. N’est-ce pas que te voilà, mon Jésus ? Mon Jésus, tes lèvres adorables s’entr’ouvrent. Tu peux parler : parle, je t’écoute. Et toi, Thaïs, heureuse Thaïs ! entends ce que le Sauveur vient lui-même te dire : c’est lui qui parle et non moi. Il dit : « Je t’ai cherchée longtemps, ô ma brebis égarée ! Je te trouve enfin ! Ne me fuis plus. Laisse-toi prendre par mes mains, pauvre petite, et je te porterai sur mes épaules jusqu’à la bergerie céleste. Viens, ma Thaïs, viens, mon élue, viens pleurer avec moi ! »

Et Paphnuce tomba à genoux les yeux pleins d’extase. Alors Thaïs vit sur la face du saint le reflet de Jésus vivant.

— Ô jours envolés de mon enfance ! dit-elle en sanglotant. Ô mon doux père Ahmès ! bon saint Théodore, que ne suis-je morte dans ton manteau blanc tandis que tu m’emportais aux premières lueurs du matin, toute fraîche encore des eaux du baptême !

Paphnuce s’élança vers elle en s’écriant :

— Tu es baptisée !… Ô Sagesse divine ! ô Providence ! ô Dieu bon ! Je connais maintenant la puissance qui m’attirait vers toi. Je sais