Page:Anatole France - Thaïs.djvu/141

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de louanges eût coulé ; et puis elle dit à Cotta, son hôte :

— Lucius, je t’amène un moine du désert, Paphnuce, abbé d’Antinoé ; c’est un grand saint, dont les paroles brûlent comme du feu.

Lucius Aurélius Cotta, préfet de la flotte, s’étant levé :

— Sois le bienvenu, Paphnuce, toi qui professes la foi chrétienne. Moi-même, j’ai quelque respect pour un culte désormais impérial. Le divin Constantin a placé tes coreligionnaires au premier rang des amis de l’empire. La sagesse latine devait en effet admettre ton Christ dans notre Panthéon. C’est une maxime de nos pères qu’il y a en tout dieu quelque chose de divin. Mais laissons cela. Buvons et réjouissons-nous tandis qu’il en est temps encore.

Le vieux Cotta parlait ainsi avec sérénité. Il venait d’étudier un nouveau modèle de galère et d’achever le sixième livre de son histoire des Carthaginois. Sûr de n’avoir pas perdu sa journée, il était content de lui et des dieux.

— Paphnuce, ajouta-t-il, tu vois ici plusieurs hommes dignes d’être aimés : Hermodore, grand prêtre de Sérapis, les philosophes Dorion, Nicias