Page:Anatole France - Thaïs.djvu/142

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et Zénothémis, le poète Callicrate, le jeune Chéréas et le jeune Aristobule, tous deux fils d’un cher compagnon de ma jeunesse ; et près d’eux Philina avec Drosé, qu’il faut louer grandement d’être belles.

Nicias vint embrasser Paphnuce et lui dit à l’oreille :

— Je t’avais bien averti, mon frère, que Vénus était puissante. C’est elle dont la douce violence t’a amené ici malgré toi. Écoute, tu es un homme rempli de piété ; mais, si tu ne reconnais pas qu’elle est la mère des dieux, ta ruine est certaine. Sache que le vieux mathématicien Mélanthe a coutume de dire : « Je ne pourrais pas, sans l’aide de Vénus, démontrer les propriétés d’un triangle. »

Dorion, qui depuis quelques instants considérait le nouveau venu, soudain frappa des mains et poussa des cris d’admiration.

— C’est lui, mes amis ! Son regard, sa barbe, sa tunique : c’est lui-même ! Je l’ai rencontré au théâtre pendant que notre Thaïs montrait ses bras ingénieux. Il s’agitait furieusement et je puis attester qu’il parlait avec violence. C’est un honnête homme : il va nous invectiver