Page:Anatole France - Thaïs.djvu/48

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— Homme du Seigneur, bénis-moi afin que Dieu me bénisse. J’ai beaucoup souffert en ce monde, je veux avoir toutes les joies dans l’autre. Tu viens de Dieu, ô saint homme, c’est pourquoi la poussière de tes pieds est plus précieuse que l’or.

— Le Seigneur soit loué, dit Paphnuce.

Et il forma de sa main entr’ouverte le signe de la rédemption sur la tête de la vieille femme.

Mais à peine avait-il fait vingt pas dans la rue qu’une troupe d’enfants se mit à le huer et à lui jeter des pierres en criant :

— Oh ! le méchant moine ! Il est plus noir qu’un cynocéphale et plus barbu qu’un bouc. C’est un fainéant ! Que ne le pend-on dans quelque verger, comme un Priape de bois, pour effrayer les oiseaux ? Mais non, il attirerait la grêle sur les amandiers en fleurs. Il porte malheur. Qu’on le crucifie, le moine ! qu’on le crucifie !

Et les pierres volaient avec les cris.

— Mon Dieu ! bénissez ces pauvres enfants, murmura Paphnuce.

Et il poursuivit son chemin songeant :

— Je suis en vénération à cette vieille