Page:Anatole France - Thaïs.djvu/51

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— Mon frère, répondit l’abbé d’Antinoé, je ne te demande rien, sinon que tu me conduises à Nicias, ton maître.

L’esclave répondit avec plus de colère :

— Mon maître ne reçoit pas des chiens comme toi.

— Mon fils, reprit Paphnuce, fais, s’il te plaît, ce que je te demande, et dis à ton maître que je désire le voir.

— Hors d’ici, vil mendiant ! s’écria le portier furieux.

Et il leva son bâton sur le saint homme, qui, mettant ses bras en croix contre sa poitrine, reçut sans s’émouvoir le coup en plein visage, puis répéta doucement :

— Fais ce que j’ai demandé, mon fils, je te prie.

Alors le portier, tout tremblant, murmura :

— Quel est cet homme qui ne craint point la souffrance ?

Et il courut avertir son maître.

Nicias sortait du bain. De belles esclaves promenaient les strigiles sur son corps. C’était un homme gracieux et souriant. Une expression de douce ironie était répandue sur son