Page:Anatole France - Thaïs.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À ces mots, l’évêque, ayant ouvert les bras, laissa voir ses mains mutilées. Il avait eu les ongles arrachés en confessant la foi aux jours de l’épreuve. Thaïs eut peur et se jeta dans les bras d’Ahmès. Mais le prêtre la rassura par des paroles caressantes :

— Ne crains rien, petite bien-aimée. Tu as ici un père selon l’esprit, Ahmès, qu’on nomme Théodore parmi les vivants, et une douce mère dans la grâce qui t’a préparé de ses mains une robe blanche.

Et se tournant vers la négresse :

— Elle se nomme Nitida, ajouta-t-il ; elle est esclave sur cette terre. Mais Jésus l’élèvera dans le ciel au rang de ses épouses.

Puis il interrogea l’enfant néophyte :

— Thaïs, crois-tu en Dieu, le père tout-puissant, en son fils unique qui mourut pour notre salut et en tout ce qu’ont enseigné les apôtres ?

— Oui, répondirent ensemble le nègre et la négresse, qui se tenaient par la main.

Sur l’ordre de l’évêque, Nitida, agenouillée, dépouilla Thaïs de tous ses vêtements. L’enfant était nue, un amulette au cou. Le pontife la