Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/10

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seulement, d’une façon rapide et générale, les raisons qui m’ont dirigé dans l’usage que j’ai cru devoir en faire. Ces documents sont : 1o  le procès de condamnation ; 2o  les chroniques ; 3o  le procès de réhabilitation ; 4o  les lettres, actes et autres pièces détachées.

1o  Le procès de condamnation[1] est un trésor pour l’historien. Les questions des interrogateurs ne sauraient être étudiées avec trop de soin : elles procèdent d’informations faites à Domrémy et en divers pays de France où Jeanne avait passé, et qui n’ont point été conservées. Les juges de 1431, est-il besoin de le dire ? ne recherchaient en Jeanne que l’idolâtrie, l’hérésie, la sorcellerie et les autres crimes contre l’Église ; ils n’en examinèrent pas moins tout ce qu’ils purent connaître de la vie de cette jeune fille, enclins, comme ils l’étaient, à découvrir du mal dans chacun des actes et dans chacune des paroles de celle qu’ils voulaient perdre pour déshonorer son roi. Tout le monde sait le prix des réponses de la Pucelle ; elles sont d’une héroïque sincérité et, le plus souvent, d’une clarté limpide. Cependant, il n’y faut pas tout prendre à la

  1. Jules Quicherat, Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, Paris, in-81, 1841, t. I.