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Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/17

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graves qui s’étaient produits dans la dernière semaine. À partir du 8 mai, le journal n’est plus du tout un journal ; c’est une suite de morceaux empruntés à Chartier, à Berry et au procès de réhabilitation. L’épisode du grand et gros Anglais que maître Jean de Montesclère tue au siège de Jargeau est visiblement tiré de la déposition que Jean d’Aulon fit en 1456, et cet emprunt est fait au mépris de la vérité, puisque Jean d’Aulon dit expressément que le grand et gros Anglais fut tué aux Augustins[1]. La chronique appelée Chronique de la Pucelle[2], comme si elle était la chronique par excellence de l’héroïne, est extraite d’une histoire intitulée Geste des nobles François, et qui remonte jusqu’à Priam de Troye. Mais elle n’en fut pas tirée sans changements ni additions. Ce travail fut opéré après 1467. Quand on aura démontré que la Chronique de la Pucelle est d’un Cousinot, enfermé dans Orléans pendant le siège, ou même de deux Cousinot, oncle et neveu, selon les uns, père et fils, selon les autres, il n’en restera pas moins vrai qu’elle est en grande partie copiée du Journal du siège, de Jean Chartier et du procès de réhabilitation. Cet ouvrage ne fait pas grand honneur à son auteur, quel qu’il soit, car on

  1. Journal du siège, p. 97. — Procès, t. III, p. 215.
  2. Chronique de la Pucelle ou Chronique de Cousinot, publiée par Vallet de Viriville, Paris, 1859, in-16 (Bibliothèque Gauloise).