Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne peut pas beaucoup vanter un faiseur d’histoires qui raconte deux fois les mêmes événements avec des circonstances différentes et inconciliables, sans paraître le moins du monde s’en apercevoir. La Chronique de la Pucelle s’arrête brusquement au retour du roi en Berry après l’échec devant Paris.

Il faut placer le Mistère du siège[1] parmi les chroniques. C’est, en effet, une chronique dialoguée et rimée, qui présenterait un grand intérêt, du moins pour son ancienneté, si l’on pouvait, comme on l’a voulu, en faire remonter la composition à l’année 1435. Dans ce poème de 20 529 vers, les éditeurs et, à leur suite, plusieurs érudits ont cru reconnaître « certain mistaire[2] » joué à Orléans lors du sixième anniversaire de la délivrance. Mais de ce que le maréchal de Rais, qui se plaisait à faire représenter magnifiquement des farces et des mystères, soit demeuré du mois de septembre 1434 jusqu’au mois d’août 1435 dans la cité du duc Charles, faisant grande dépense[3], et que la ville ait acheté de ses deniers, en 1439, « un estandart et bannière qui furent à Monseigneur de Reys pour faire

  1. Mistère dit siège d’Orléans, publ. pour la première fois d’après le manuscrit unique conservé à la bibliothèque du Vatican, par MM. F. Guessard et E. de Certain, Paris, 1862, in-4o. — Cf. Étude sur le mystère du siège d’Orléans, par H. Tivier, Paris, 1868, in-8o.
  2. Procès, t. V, p. 309.
  3. L abbé E. Bossard et de Maulde, Gilles de Rais, maréchal de France dit Barbe-Bleue (1404-1440), 2e édit., Paris, 1886, io-8a, pp. 94 à 113.