Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/62

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souvent ses sujets fidèles de soumettre à une critique trop sévère les légendes de Jeanne ainsi que celles de la Sainte Ampoule, de la guérison des écrouelles, de l’oriflamme et toutes autres traditions populaires relatives aux antiquités et illustrations de la maison de France. Quand, en 1609, dans un collège de Paris, la Pucelle fut le sujet d’exercices littéraires où elle était traitée sans faveur[1], un homme de robe, Jean Hordal, qui se glorifiait d’être du sang de l’héroïne, se plaignit de ces disputes d’école comme d’une offense à la majesté royale. « Je m’estonne grandement, dit-il, qu’en France… on tolère que publiquement déclamations se fassent contre l’honneur de la France, du roi Charles VII et de son Conseil[2]. » Si Jeanne n’avait pas appartenu si étroitement à la royauté, son souvenir eût été fort négligé par les beaux esprits du XVIIe siècle. Ses apparitions lui faisaient du tort auprès des savants qui, protestants et catholiques, traitaient la vie de sainte Marguerite de cafarderie[3]. Alors les Sorbonagres

  1. Puellœ Avreliensis causa adversariis orationibus disceptata auctore Jacobo Jolio, Parisiis, apud Julianum Bertaut, 1609.
  2. Jean Hordal, Heroinœ nobilissimœ loannce Darc Lotharingœ vulgo aurelianensis puellœ historia… Ponti-Mussi, 1612, in-8°.
  3. Rabelais, Gargantua, chap. vi. —AbbéThiers ;, Traité des superstitions selon l’Écriture sainte, Paris, 1697, t. 1, p. 109.