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même des classes dont ils sont membres[1]. Cette situation inférieure, faite aux Juifs, est sans doute pour beaucoup dans la participation d’un certain nombre d’entre eux aux attentats politiques des dernières années. La mollesse du gouvernement à les protéger contre les émeutes populaires et les rigueurs, parfois réclamées contre eux par les patriotes de Moscou et de Kief, sont du reste peu propres à leur inspirer l’amour ou le respect des lois de l’empire.

Telle est, dans sa complexité archaïque, la structure sociale de la Russie. De par la loi ou de par les mœurs, c’est encore, à bien des égards, un pays à classes, sinon à castes, soslovnyi, comme disent les Russes, Ce caractère, certains maintiennent qu’elle doit le conserver, sous peine de devenir une autre Chine, vouée, elle aussi, au mandarinat[2]. Les réformes d’Alexandre II tendaient à le lui faire perdre ; quelques lois d’Alexandre III tendraient plutôt à le lui rendre. Les barrières de classes que le père avait abaissées, le fils semble plutôt enclin à les relever.



  1. Bien de plus complexe et confus que la législation sur les Israélites. Le juriste Orchanski en a donné une analyse critique dans l’ouvrage intitulé : Rousskoé Zakonodatelstvo o Evreiakh. Cf. Lévine, Svod ouiokonénii o Evreiakh, 1885. Voyez notre troisième volume, liv. IV, ch. iii.
  2. Ainsi l’auteur anonyme de Sovrémmnaïa Rossiia, Saint-Pétersbourg, 1889, Introduction.