Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/381

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motions de ce genre sont ordinaires en Russie ; le journal officiel en est plein. Il serait difGcile de compter les médecins qui ont un tchine ; il y en a de conseillers d’État acluels (4e classe), rang de général-major ; il y en a de conseillers privés (3e classe), rang de général de division. Il en est de même des savants, des professeurs ou des écrivains : affublés des mêmes titres que l’administrateur ou le magistrat, ils peuvent avancer de même dans la carrière civile.

Toutes ces promotions dans le tchine n’en empêchent pas d’autres dans les ordres impériaux. On compte en Russie cinq ou six de ces ordres de chevalerie, les uns plus, les autres moins recherchés, la plupart divisés en première, deuxième, troisième, parfois quatrième classe. Il y a l’ordre de Saint-André, l’ordre de Saint-Alexandre Nevski, l’ordre de Sainte-Anne, l’ordre de Saint-Vladimir, l’ordre de Saint-George, sans compter le Saint-Stanislas et l’Aigle-Blanc, ordres polonais devenus russes. Depuis la dernière guerre de Bulgarie, on en a inventé un nouveau, pour les services rendus aux blessés militaires, l’ordre de la Croix-Rouge que l’impératrice distribue aux dames et demoiselles. Il y avait déjà une décoration spéciale aux femmes, la croix de Sainte-Catherine[1].

En outre du tchine et des ordres de chevalerie, la Russie possède encore toute une série de distinctions mondaines qui, à force d’être prodiguées, ont leur lustre quelque peu terni. Ce sont les charges de cour, graduées et échelonnées comme le tableau des rangs et, tout comme les titres du service civil, devenues le plus souvent purement honorifiques

  1. Pour les militaires, il y a, en temps de guerre, le sabre d’honneur avec mentions élogieuses ; pour les fonctionnaires civils ou pour les généraux, en temps de paix, il y a les bagues de brillants avec le chiffre impérial, il y a même toujours les tabatières en or, enrichies de diamants avec le portrait ou le chiffre de l’empereur. Il est peu de hauts fonctionnaires qui n’aient sur leur étagère une de ces tabatières impériales. Les dames de haut rang peuvent recevoir des distinctions analogues : personne n’a lu de Mémoires sur la cour de Saint-Pétersbourg sans y rencontrer des demoiselles à portrait.