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la surface d’un territoire, dont une grande partie est impropre à l’agriculture, ne sauraient du reste donner qu’une idée fort trompeuse de la réelle importance de l’un ou l’autre type de tenure du sol[1].

Le paysan semble déjà posséder de 120 à 140 millions d’hectares, soit un domaine agricole au moins double de tout le territoire européen de la France. De cette vaste surface la meilleure partie, plus des deux tiers peut-être sont soumis au régime de la communauté qui domine encore dans toute la Grande-Russie. En laissant de côté les biens de la couronne, qui comprennent beaucoup de forêts inaccessibles et de landes incultes, le paysan détient déjà plus de la moitié des terres arables ; cette proportion lui est encore plus favorable si l’on prend les riches gouvernements de la Terre noire, ou si l’on regarde la valeur du sol.

D’après M. Ianson[2], les terres du paysan occupent de 70 à 90 pour 100 de la superficie des gouvernements de Voronège, Kazan, Orenbourg, Oufa, Vintka ; elles demeurent au-dessus de 50 pour 100 dans la région moyenne de la Terre noire. D’après M. Séménof et le comité central de statistique, les communes rurales possédaient déjà, dans les huit gouvernements agricoles du centre, 56 pour 100 de l’étendue totale du sol et 66 pour 100 de la surface arable, tandis que les propriétaires à titre personnel ne possèdent, dans la même région, que 37 pour 100 de la surface du sol et seulement 31 pour 100 des terres arables, soit plus de

    sobstivennosti, etc., v Evrop, Rossii, statistique à laquelle nous avons emprunté les chiffres donnés dans la note précédente).

  1. Un statisticien russe, M. Ianson, attribuait, en 1877, 177 millions de desiatines à l’État et 7 aux apanages, — 46 millions aux paysans de la couronne, — 64 millions aux anciens serfs, un peu plus de 4 aux paysans des apanages, un peu moins de 4 aux colonistes, et seulement 64 millions aux propriétaires nobles qui, avant l’émancipation, en possédaient plus de 106, — 34 millions enfin aux propriétaires personnels d’autres classes. (Opyi statist. isslédov. o krest, nadélakh i platejakh. 1877 et 1881.)
  2. Opyi statist. izsi., etc.