Aller au contenu

Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de députés des villes ; mais le contrôle de ces assemblées ou de ce comité était purement extérieur, purement théorique. La plupart des droits accordés aux administrés par les lois de Catherine II étaient devenus de pures formalités, que personne n’eût osé prendre au sérieux. De l’administration le pouvoir du gouverneur débordait sur la justice. Si Catherine avait remis à la noblesse le choix des juges de première instance, le gouverneur avait le droit de les confirmer, le droit de les mettre en accusation, même de les révoquer.

L’autorité et les soins du gouverneur s’étendaient sur toutes les branches des services publics ; il était, il est encore aujourd’hui, entouré de comités dont il est président : comité des impositions, comité des voies de communication, comité des prisons, comité de bienfaisance, comité de l’enseignement, etc. À quoi sert tout cet appareil de contrôle ? À rien, d’ordinaire. La plupart de ces comités sont formés des subordonnés du gouverneur ou d’employés d’un rang inférieur ; la servilité bureaucratique, l’esprit d’obéissance passive y étouffe généralement toute indépendance. Au lieu d’être une garantie de bonne gestion, tous ces comités n’ont guère fait que diminuer la responsabilité du gouverneur, en ayant l’air de la partager.

Les besognes les plus diverses se trouvaient réunies dans les mains de ce fonctionnaire, lequel était souvent un militaire, ignorant de l’administration. La multiplicité de ses attributions contraint le gouverneur à une immense correspondance ; hors d’état d’embrasser toutes les affaires qui lui sont confiées, il ne fait le plus souvent que transmettre les instructions de la capitale ou signer les décisions prises dans ses bureaux. Cet homme, qui de loin semble revêtu d’une autorité omnipotente, se trouve fréquemment réduit au rôle de simple expéditionnaire des écritures. De la puissance il n’a que les dehors, les honneurs et les tentations.

L’institution d’assemblées provinciales, dotées de sé-