Pour qui récapitule tout ce que, avec d’aussi pauvres moyens, ils ont accompli ou tenté en une vingtaine d’années, il semble que les zemstvos doivent être entourés d’une légitime popularité. À vrai dire, il n’en a pas toujours été ainsi. L’opinion, à leur égard, a passé par les plus singulières alternatives d’enthousiasme et de désenchantement. Les États provinciaux avaient à leur début excité les plus hautes espérances. L’un des motifs du rapide revirement de l’opinion a été précisément l’exagération de la première confiance, la témérité des illusions ou des rêves fondés sur les nouvelles franchises provinciales. La Russie a été d’autant plus exigeante vis-à-vis des zemstvos qu’elle en attendait davantage. L’esprit des peuples, l’esprit russe en particulier, est prompt à escompter l’avenir et prompt au découragement. Tout joyeux des nouvelles et larges perspectives que leur ouvrait le self-govemment provincial, le public et la presse y croyaient découvrir un horizon illimité de liberté et de prospérité. Les yeux éblouis n’apercevaient pas les bornes, pourtant trop visibles, imposées d’avance à cette libre administra-