Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/233

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nait ses séances, l’empereur Alexandre III conviait, dans l’hiver 1881-1882, une autre commission à une besogne bien autrement vaste, la réforme de l’administration. À l’inverse de la conférence sur les boissons et les cabarets, la nouvelle commission était composée de fonctionnaires ; les membres des États provinciaux n’y devaient avoir accès qu’à titre de déposants. Cette commission, qui a terminé ses travaux en 1885, était chargée de préparer la revision de toutes les institutions locales de l’empire, des provinces, des districts, des municipalités urbaines, des communes rurales. C’était un remaniement général de toute l’œuvre de son père que semblait s’être proposé Alexandre III. Dans cette réorganisation administrative, les zemstvos eussent dû tenir la première place. Les influences dominantes à Pétersbourg paraissaient malheureusement n’avoir en vue que de fortifier l’autorité des gouverneurs et l’ascendant de la noblesse et de la grande propriété[1].

Ce que l’opinion réclame pour les zemstvos, ce que plusieurs d’entre eux ont timidement demandé, de 1880 à 1886, c’est, à bien des égards, moins des facultés nouvelles que la restauration des droits qui, après leur avoir été reconnus par la loi, leur ont été enlevés ou contestés par la bureaucratie. Tout montre combien le gouvernement impérial a eu tort de tenir en suspicion les États provinciaux. Ce n’est pas de ce côté qu’est pour lui le danger. La bureaucratie, le tchinovnisme et la centralisation ont seuls à redouter le développement de pareilles institutions. Les défiances du pouvoir envers les assemblées provinciales ou municipales paraissent enfantines ; ce ne sont point, de longtemps, les zemstvos qui serviront d’organe ou d’instrument à la révolution. Sous ce rapport, l’attitude des corps élus est constamment demeurée irréprochable. Loin de se complaire à une opposition systématique ou à des

  1. C’est ainsi qu’il était question d’accorder aux grands propriétaires la faculté d’entrer dans les zemstvos comme membres de droit. Voyez par exemple le Vesinik Evropy, oct. 1885 (Vnoutrennéé obosrénié).