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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/25

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un ou deux jours d’arrêts ou de corvée. Starost et starchine veillent à l’entretien des chemins vicinaux, administrent les caisses communales, les écoles, les hospices et toutes les fondations du mir. À leurs obligations envers leurs électeurs s’en joignent d’autres envers le pouvoir central ; ils doivent veiller à la rentrée des impôts, au recrutement militaire, à la dénonciation des vagabonds dépourvus de passeports, à l’arrestation des coupables poursuivis par la justice.

La propriété collective impose naturellement aux chefs de la commune, au starost surtout, des occupations d’un genre particulier et tout économique. L’ancien est, dans une certaine mesure, l’homme d’affaires, l’intendant, parfois même le chef de culture de la communauté. Quelles que soient leurs attributions, ces maires ou baillis de village ne doivent être que les exécuteurs des ordres du mir, ils doivent en toute occasion lui demander des instructions ou lui rendre des comptes. Ces fonctionnaires communaux, les starostes de village du moins, sont parfois sans influence sur leur commune ; l’ascendant qu’ils possèdent, ils le doivent moins à leur titre qu’à leur expérience ou à leur considération personnelle.

Le starchine ou chef de bailliage (volost) a une autorité plus grande et d’ordinaire en use plus largement. Bien que la loi semble avoir mis à son pouvoir des bornes étroites, les paysans ont souvent à se plaindre de son arbitraire. Une des raisons de cette propension des starchines à abuser de l’autorité qui leur est attribuée, c’est d’abord que, contrairement à l’esprit de l’acte d’émancipation, les ispravniks et les officiers de la police ont peu à peu subordonné à leur influence directe ces chefs attitrés de la classe rurale, jusqu’à les réduire trop fréquemment à l’état de simples agents ou instruments de la police. Certaines lois, rendues dans les dernières années d’Alexandre II, ont contribué à cette fâcheuse métamorphose. C’est ainsi qu’en opposition avec le statut d’émancipation, sur lequel l’admi-