Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/285

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éclairées, à ce qu’en d’autres pays on nomme les capacités. Ce n’est, en tout cas, qu’en se procurant de plus amples ressources que les villes pourront entreprendre ou achever ce que je me permettrai d’appeler les améliorations nécessaires, pour leur assainissement, pour leur voirie publique, pour l’instruction populaire surtout. Déjà plusieurs villes, usant d’une prérogative qui nous paraîtrait peut-être excessive, ont adopté le principe de l’enseignement obligatoire. Aux municipalités, sinon aux États provinciaux, le gouvernement ne conteste pas en effet le droit de voter des mesures de ce genre[1]. Il est vrai que, pour mettre de telles résolutions en pratique, les villes comme les zemstvos, semblent dépourvues de moyens coercitifs, à moins que les fonctionnaires ou les tribunaux ne consentent à leur venir en aide. De toute façon, pour faire passer l’instruction obligatoire du domaine de la théorie dans celui de la réalité, les ressources pécuniaires ont jusqu’ici fait défaut aux villes comme aux provinces. À Pétersbourg même, il faudrait, pour offrir l’instruction à tous les enfants, deux ou trois fois plus d’écoles[2].

La loi municipale a vu le jour à une époque de désenchantement où la plupart des Russes étaient déjà revenus des orgueilleuses espérances, suscitées par les premières réformes de l’empereur Alexandre II. Quoique l’opinion eût moins d’exigences envers elles, les institutions municipales ont, encore moins que les États provinciaux, répondu à l’attente du public. D’où est venue cette nouvelle déception ? D’où cette atonie, cette langueur, parfois si justement reprochée aux doumas urbaines ? Est-ce de la loi ou du peuple ? est-ce de l’incapacité des Russes à se

  1. Par une singulière argumentation, le ministère de l’instruction publique a reconnu ce droit aux municipalités urbaines et aux communes rurales, en le déniant aux zemstvos (Maierialy po voprosou o vvedénii obiazat. oboutch. v. Rossii, t. I, 1860).
  2. Quoique la municipalité pétersbourgeoise se soit imposé comme règle d’ouvrir chaque année, à ses frais, plusieurs écoles primaires, beaucoup d’enfants se voient repoussés de l’école.