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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/471

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Si l’émancipation, si les réformes qui l’ont suivie, n’ont pas amené dans les mœurs de progrès sensible, elles n’ont pas non plus contribué à la démoralisation du peuple. La criminalité privée est restée à peu près stationnaire relativement au chiffre de la population. Ce qui a pris un effrayant développement, durant une dizaine d’années, ce sont les crimes et délits politiques. Et cette criminalité spéciale, la situation du pays ne l’explique-t-elle point ? Ne serait-ce pas que la plupart des réformes sont demeurées incomplètes et inachevées, restreintes ou tronquées dans la pratique, en sorte qu’au lieu d’apaiser les esprits, elles n’ont fait que les irriter ? Ne serait-ce pas que, faite d’un mélange de vieux et de neuf, composée de pièces toutes nouvelles et de débris usés d’un passé vieilli, la Russie actuelle reste incohérente et disparate, si bien que des milliers d’intelligences désorientées y cherchent en vain leur voie ?