Aller au contenu

Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/527

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publics, dans des bâtiments appartenant à la couronne ou aux ministères, dans des séminaires ecclésiastiques ou des couvents. Un jour peut-être on saisira des presses clandestines dans les bureaux de la censure.

Pour mettre fin à de pareils désordres, le pouvoir n’a rien trouvé d’autre que de rendre plus rigoureux encore les lois et règlements sur la presse et l’imprimerie. il y avait déjà des inspecteurs de la typographie ; il était déjà défendu d’établir des imprimeries sans un permis spécial : cela n’a plus semblé suffisant. On a interdit de vendre ou d’acheter sans autorisation des presses ou des appareils typographiques, appliquant à tout ce qui touche l’imprimerie les restrictions imposées, vers le même temps, au commerce des armes. Comme pour rendre l’assimilation plus complète, les hommes qui violent les règlements sur la typographie ont, de même que les auteurs d’attentats sur les fonctionnaires, été placés en dehors des lois civiles. Des arrêtés, en date de 1879 et 1880, ont soustrait « temporairement » à la connaissance des tribunaux toutes les affaires de ce genre.

Ces mesures draconiennes n’ont pu jusqu’ici étouffer la publication des journaux et des brochures de la révolution ; mais, quand le gouvernement parviendrait à saisir toutes les presses aux mains de ses adversaires occultes, il ne leur aurait point retiré tous leurs moyens de propagande. À défaut de l’imprimerie et des inventions modernes, il resterait aux agitateurs la copie manuscrite, et l’on ne saurait dire ce qu’il peut se divulguer d’idées par ce procédé archaïque. Sous le règne de Nicolas, c’était la principale ressource des révolutionnaires ou des frondeurs. Il y a eu longtemps toute une littérature manuscrite ou clandestine qui, en popularité, ne le cédait point aux œuvres les plus répandues par l’imprimerie. Plus d’une pièce connue de tous n’a jamais été imprimée, en Russie du moins ; car, à l’étranger, des recueils de ces morceaux prohibés ont eu plusieurs éditions. Certains collèges ou