Rien de plus logique que les religions, rien de plus conséquent dans ses déductions que l’esprit théologique. Dans les espaces éthérés, à travers l’obscurité des mystères où elle se meut, aucun obstacle n’entrave le vol de la pensée religieuse ; les faits matériels sont impuissants à l’arrêter, rien ne la force à se détourner de son chemin. Chez le raskolnik, à la logique naturelle de l’esprit théologique s’ajoute la logique innée de l’esprit russe. En effet, un des traits du caractère grand-russien est le goût des conclusions rigoureuses. Le Russe aime à tirer d’un principe tout ce qu’il contient : il ne craint pas d’aller jusqu’au bout de ses idées, jusqu’à l’extrémité de ses raisonnements. C’est là une des causes de l’esprit de secte, de la multiplicité et de la spontanéité des doctrines singulières qui s’agitent dans ce peuple. Si ce penchant logique le conduit souvent à la bizarrerie ou à l’absurdité, il donne à la marche du schisme, jusqu’à travers ses déviations, une