Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/103

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vu grandir, s’élever et couvrir le monde de son nom ! Elle est pour moi comme un bienheureux qui viendrait s’asseoir à mes côtés, après avoir vécu au ciel tout près de Dieu !

Cet amour de Balzac pour Napoléon a subi plus d’une variation ; la mobilité naturelle au cœur humain s’augmente à proportion de la vivacité et du nombre des idées et des sensations, et Balzac avait une imagination toujours en mouvement ; joignez à cela la faculté de voir les objets sous toutes leurs faces, et vous comprendrez que ses sentiments variaient parfois du jour au lendemain et du tout au tout ; mais c’était le moment où il avait dressé chez lui, rue de Cassini, un petit autel surmonté d’une statue de Napoléon, avec cette inscription :

Ce qu’il avait commencé par l’épée, je l’achèverai par la plume.

Si Balzac avait de singulières bouffées d’orgueil, il avait aussi de trop profondes humilités ; car il était rarement dans ce juste milieu qu’on décore du nom de vertu et qui est au moins le partage de la raison : parfois il doutait complétement de son talent, parfois il en exagérait l’importance ;