Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/143

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semblées politiques, avait de peine à s’occuper des réunions joyeuses. Ma surprise, à l’aspect singulier que présentait toute sa personne sous ce travestissement comique, attacha pour toujours la pensée d’un Chinois avec son accoutrement ridicule au nom de ce monsieur B…, et jamais depuis je n’ai pu l’en séparer, bien qu’il ait joué un rôle important dans la politique après avoir été député influent ; il est vrai qu’on l’écoutait peu quand il parlait à la Chambre, et il en était réduit à débiter à ses amis et connaissances les discours qu’il avait dû improviser à la tribune. Plusieurs fois je le surpris ainsi chez une femme de mes amies, qui me disait avec chagrin :

— Quel malheur, qu’on ne veuille pas l’écouter !

— Vous ne seriez pas obligée de l’entendre, lui fut-il répondu en riant.

Jamais, depuis le bal masqué, je n’ai vu ce monsieur en frac sans lui trouver l’air déguisé ; pour moi il fut toujours un Chinois essayant de se faire passer pour un Français.

Pourtant ce Chinois aux discours ennuyeux était aussi adroit que pas un Français, car on a eu beau