Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

changer plusieurs fois de gouvernement, il en était toujours ; les autres perdaient leurs places, lui en avait une de plus, et il est arrivé ainsi à de très-hautes dignités. Au milieu des bouleversements, il reste debout pour montrer ce que peut un égoïsme attentif et persévérant. On l’a pris au sérieux, mais il me rappelle toujours Fich-t-on-Kan.

La conversation entre les artistes que je rencontrais chez Nodier m’étonna vivement et me parut très-singulière, quoique amusante. C’était un ton continuel de plaisanterie très-excentrique. Je retrouvai cette même habitude chez Pradier, à deux fêtes où je fus invitée. Jamais aucune parole sérieuse, jamais rien de profond, de sensé ou de simple ; tout était destiné à faire rire, à faire de l’effet. Plus les choses étaient inattendues, c’est-à-dire moins elles étaient naturelles, plus le succès en devenait prodigieux. Je me trouvais là comme cette étrangère qui, après avoir passé deux années à Paris, disait, à son retour en Allemagne : « Il paraît qu’en France on n’est sérieux qu’en famille, car dans les salons on s’y moque toujours de tout. »

Cependant cette folle gaieté cachait souvent