Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/146

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sement qui tourne au profit de l’intelligence ; l’âme devient plus subtile, elle échappe davantage à l’influence de la matière, l’on dirait qu’elle se prépare à s’en séparer, et qu’elle veut retourner, purifiée, brillante et digne de l’immortalité, au centre de la lumière et de la vie.

Jamais l’esprit aimable et ingénieux de Nodier ne me parut aussi présent et aussi vif que dans ses dernières conversations. Il avait quelque chose de sympathique qui vous captivait, l’on eût passé des heures entières à l’écouter sans s’apercevoir du temps qui s’écoulait à votre insu. Il parlait alors lentement, parce que son corps s’affaiblissait, et il parlait avec cet accent franc-comtois un peu traînant qui a une puissance magnétique pour forcer l’attention. Dans notre Bourgogne, on est sujet, non-seulement à se moquer des Beaunois, dont on a fait, fort injustement, les Béotiens de notre Athènes dijonnaise, mais on exerce encore sa verve railleuse sur les Francs-Comtois, malgré la confraternité, car ce n’était qu’une province de l’ancienne Bourgogne, cette Franche-Comté dont on trouve les habitants un peu lourds et un peu gauches, fort différents des Bourguignons ; mais comme