Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/181

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davantage et qui eût fait un admirable pendant au fauteuil occupé par Chateaubriand à l’un des côtés de la cheminée du salon de l’Abbaye-aux-Bois ; une fois la permission obtenue, on se promena sans cesse, on fêta la belle-sœur qui tenait la maison, femme d’esprit qui devina tout et en rit avec ses amies ; on cajola les jeunes filles, qu’on fit danser dans des matinées d’enfants ; on avait jusqu’à des gimblettes pour je ne sais quel carlin bien posé dans la famille ! Mais ce fut surtout pour cet illustre ministre qu’on eut recours aux plus flatteuses émotions, à des troubles inouïs, à des admirations exprimées par d’adroites paroles et par de plus adroites réticences, lorsqu’un hasard prévu et cherché amena quelque rencontre dans le parc. Oh ! toutes les ressources furent épuisées et l’on joua le grand jeu. Mais, hélas ! cette fois les peines furent à peu près inutiles, et toute l’habileté échoua ou du moins n’eut pas un succès complet ; l’homme d’État, accoutumé aux douceurs d’un autre genre que l’opposition lui lançait chaque matin, était cuirassé contre les paroles. Les flatteries n’atteignaient pas plus que les injures à la hauteur de ses dédains ; il fut poli, mais voilà tout ;