Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/206

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rait, avait, à l’époque où je la connus, une vieillesse mécontente et découragée qui était douloureuse à voir. Elle regrettait amèrement sa beauté, qui avait été tellement appréciée par elle, qu’on raconte des traits de sa jeunesse prouvant jusqu’à quel point elle souhaitait que cette beauté fût admirée. Rien ne peut donner l’idée de l’art infini avec lequel elle excellait à en tirer un grand effet.

Tous les bruits du monde avaient des échos à l’Abbaye-aux-Bois ; on savait là plus que partout ailleurs l’anecdote du jour, l’histoire scandaleuse du moment, et la bienveillance n’y était qu’apparente… Ce qui atténua pour moi l’affection que m’avaient inspiré d’abord les douces flatteries de madame Récamier, c’est qu’on parlait assez mal autour d’elle de personnes à qui je l’avais vue prodiguer ses plus charmantes douceurs, et que, loin de les défendre, elle se montrait indifférente ou dédaigneuse envers elles, peut-être pour donner plus de prix à l’intérêt affectueux qu’elle montrait à ceux qui étaient là. Autant son sourire était plein de grâce pour la personne à qui elle parlait, autant il était empreint de dédain pour celles qui étaient absentes, pour celles surtout qui s’étaient