Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/236

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qui eût énoncé ou même laissé deviner le plus léger blâme ; il fit plus : il ajouta des mots plus flatteurs et substitua des épithètes plus laudatives aux éloges restreints donnés par l’auteur de l’article. Partout où s’était vu le mot « talent, » il mit « génie ; » aux expressions faibles de « bonnes choses, » il substitua les mots plus explicites de « choses sublimes, » et tout l’article, ainsi revu, corrigé et considérablement augmenté de louanges, parut le lendemain, à la grande surprise de celui qui l’avait signé.

Ce lendemain-là fut un jour de fête pour d’Arlincourt. Dès le matin, il monta en voiture (c’était à une des époques où il fut riche), et, après avoir acheté une énorme quantité de numéros du Journal des Débats du jour, il se promena chez toutes les personnes de sa connaissance, leur parla incidemment de son livre et de l’article qui avait, disait-il, causé ce matin-là sa joie et son étonnement, vu les restrictions habituelles des éloges de cette feuille recommandable, où la louange, par conséquent, doublait de prix… Puis il tirait négligemment le journal de sa poche, et, après l’avoir tenu assez longtemps à la main pour laisser place aux