Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servi que quand on se sert soi-même, d’Arlincourt donna ce jour-là tant d’occupation au critique et le fit inviter avec lui à un si bon dîner, que c’était cruel vraiment de quitter une table succulente pour aller dans une triste imprimerie corriger l’épreuve de l’article qui paraissait le lendemain. Quoi de plus naturel que de voir l’auteur du livre auquel on rendait service rendre service à son tour au rédacteur en lui laissant savourer les mets délicieux et l’agrément de la bonne compagnie, dont il serait obligé de faire le sacrifice s’il quittait la table pour le journal ?

D’Arlincourt pouvait-il faire moins pour son ami que de lui épargner cette peine en courant lui-même à l’imprimerie ? Il avait sa voiture à la porte, il s’y rendait, arrivait de la part du rédacteur, corrigeait les fautes d’impression laissées par le prote, et revenait heureux d’avoir rendu un service.

Cela était tellement naturel, que tout le monde approuva. Devant cette approbation générale, d’Arlincourt ne connut plus d’autre idée que celle d’une approbation sans mélange, et, dans son enthousiasme louangeur, il effaça de l’article tout ce