Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/250

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menta toujours M. de Custine, sa maison eût été la plus agréable de toutes celles où l’élite du monde parisien pouvait se rencontrer, et il aurait eu un des meilleurs salons de Paris. Nous y avons vu des réunions choisies dans toutes les classes de la société, dans toutes les positions de fortune, dans toutes les idées politiques et littéraires, mais reliées par une pensée commune : le goût des choses de l’intelligence. Les légitimistes y dominaient dans la politique et les romantiques dans la littérature ; car les plus brillantes de ces soirées avaient lieu à l’époque où l’on se classait ainsi dans deux camps distincts. Et nous avons vu réunis, sous le charme des improvisations harmonieuses de Chopin et de la voix si sympathique de M. Duprez, les adversaires du romantisme à côté de M. Victor Hugo… qui venait de se placer en clairon à la tête de la phalange militante, et de M. de Lamartine, qui en était la lumineuse étoile… Il y avait, de plus, dans les élégants salons, ouvrant sur un joli jardin, ce luxe qu’aiment les gens de talent et d’esprit, et qui est un bel ornement à la gloire. Enfin, on trouvait là tout ce qui constitue ce qu’on appelait autrefois un salon, et devient de plus en plus rare ; il