Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nie des titres et toujours la bouche pleine de comtes, barons et marquis ; elle aurait bien voulu la marier avec quelque vieux duc. Delphine fit mieux, elle épousa un jeune homme d’esprit (bientôt une puissance), et elle dut à ce mariage une situation qui lui convenait mieux que celle des plus grandes dames.

À cette époque, elle commençait à faire des vers qui n’annonçaient pas le talent remarquable qu’elle eut depuis, mais elle les disait avec ses vingt ans, éblouissante de fraîcheur ; et c’était quelque chose de charmant. Beyle, qui n’aimait guère en général ce qui faisait trop d’effet, avait de plus les antipathies que j’ai dites pour ces dames, et, lorsqu’elles arrivaient dans notre petit cercle, il lançait de tels propos singuliers et parfois saugrenus, qu’il parvenait à les en éloigner. Mais, quand madame Gay, qui aimait beaucoup le jeu, nous laissait Delphine seule, la conversation redevenait charmante, et elle y participait d’une façon tout à fait spirituelle.

Il est impossible de donner une idée complétement juste de l’originalité et des boutades de Beyle. Dans les premiers temps où je le voyais chez Gé-