Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/94

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alors le titre de duc d’Abrantès, était un homme de taille moyenne, ayant une jolie figure, avec des traits délicats et d’une extrême mobilité ; il ne manquait pas d’esprit, mais il y avait un peu de désordre dans ses paroles comme dans ses actions, et sa vie était livrée, dès cette époque, aux excès qui l’ont malheureusement abrégée quelques années après. Il avait une certaine originalité et une gaieté imperturbable. Au milieu de grands embarras d’argent, c’était lui qui, montrant un jour une feuille de papier timbré, destinée à faire une lettre de change, disait en plaisantant sur l’usage et l’abus qu’il en avait fait :

— Vous voyez ce papier blanc. Cela vaut vingt-cinq centimes ; quand j’aurai mis ma signature au bas, cela ne vaudra plus rien.

Il ne se faisait pas d’illusion sur son crédit !

Son frère sortait alors de l’école militaire ; c’était une nature douce, calme et aimable, la duchesse l’appelait la raison de la famille.

Deux filles aussi ornaient le salon de leur mère. Elles étaient trop jeunes pour avoir vu les splendeurs des beaux jours de leurs parents, mais elles adoucirent les mauvais pour la duchesse d’Abran-