Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/146

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« C’est bien payé, » dit la vieille. Et elle fit un signe bizarre de la tête. On voyait qu’elle ne renonçait pas volontiers à ses verges ; mais, d’un autre côté, il était bien désagréable de rester ainsi étendue, la jambe cassée. Elle les lui donna donc, et, dès qu’il eut frotté la jambe avec son baume, la vieille mère se leva et marcha mieux qu’auparavant. Quel baume ! mais aussi on ne pouvait en acheter chez le pharmacien.

« Que veux-tu faire des trois verges ? demanda Jean à son compagnon de voyage.

— Ce sont trois gentils petits balais ; il me plaît de les avoir ; je suis un garçon si drôle ! »

Ils firent encore un bon bout de chemin.

« Regarde l’orage qui se prépare, dit Jean ; que ces nuages sont noirs et terribles !

— Non, observa le compagnon de voyage ; ce ne sont pas des nuages, ce sont des montagnes. On arrive par ces montagnes au-dessus des nuages, au sein des airs. Crois-moi, c’est magnifique ; demain nous serons déjà loin dans le monde. »

Mais il fallait marcher toute la journée pour arriver à ces montagnes dont les sombres forêts touchaient au ciel, et où il y avait des pierres aussi grosses qu’une ville entière. Quelle marche pour traverser tout cela ! C’est pourquoi Jean et son compagnon de voyage entrèrent dans une au-