Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde ! C’est une bien méchante princesse. Elle a de la beauté, on ne peut plus ; mais à quoi cela sert-il ? C’est une affreuse sorcière qui a causé la mort d’une foule de beaux princes. »

Cette princesse avait permis à tous de demander sa main, au prince comme au mendiant, n’importe ; mais il fallait deviner trois énigmes qu’elle proposait. Celui qui pourrait deviner, épousait la princesse et, après la mort de son père, montait sur le trône. Quant à ceux qui ne devinaient pas, elle les faisait pendre ou décapiter : tant la belle princesse était méchante ! Son père, le vieux roi, en était bien affligé ; mais il ne put le lui défendre, car il avait déclaré une fois pour toutes qu’il ne se mêlerait pas du choix d’un gendre : sa fille était tout à fait libre à cet égard. Chaque fois qu’un prince avait essayé de deviner les énigmes pour épouser la princesse, il n’avait pu en venir à bout, et il avait été pendu ou décapité. Du reste on l’avait prévenu, pourquoi s’était-il entêté ? Le vieux roi était tellement affecté de cette conduite, que lui et ses soldats passaient tous les ans une journée à genoux, faisant des prières pour que la princesse devînt bonne. Mais rien n’y faisait. Les vieilles femmes qui buvaient de l’eau-de-vie teignirent en noir leur breuvage pour manifester leur chagrin. Que pouvaient-elles faire de plus ?