Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/153

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« La vilaine princesse ! dit Jean, elle mériterait d’être fouettée, cela lui ferait du bien. Si j’étais le vieux roi, comme je lui en ferais voir ! »

Au même instant les deux compagnons entendirent le peuple crier hourra ! C’était la princesse qui passait ; elle était en effet si belle que tout le monde, en la voyant, oubliait sa méchanceté. C’est pourquoi l’on criait hourra ! Douze jolies demoiselles en robes de soie blanche, une tulipe d’or à la main, montées sur des chevaux noirs comme du charbon, lui servaient de cortège. La princesse elle-même avait un cheval blanc comme la neige, orné de diamants et de rubis ; elle portait un costume d’or pur, et le fouet qu’elle tenait à la main ressemblait à un rayon de soleil. La couronne d’or de sa tête paraissait composée des étoiles du ciel, et sa robe était fabriquée des ailes admirables de mille papillons. Cependant elle était plus belle encore que ses habits.

Lorsque Jean l’aperçut, il devint rouge comme du sang et ne put proférer un mot. La princesse ressemblait exactement à la vision qu’il avait eue auprès du lit de son père mort. Il la trouva bien belle et ne put s’empêcher de l’aimer. « Il est impossible, se dit-il, qu’elle soit une méchante sorcière qui fait pendre et décapiter ceux qui ne devinent pas ses énigmes. Chacun est libre de demander sa main, même le dernier des men-