Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/156

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jour, personne n’avait deviné même la première énigme ; tous avaient dû mourir.

Jean n’était pas le moins du monde inquiet de son sort ; au contraire, il se réjouissait et ne pensait qu’à la belle princesse. Il était fermement convaincu que le bon Dieu l’aiderait ; mais comment ? Il l’ignorait et ne voulait pas trop y réfléchir. En retournant à l’auberge, où son compagnon l’attendait, il dansa le long de la grande route.

Jean ne put assez raconter combien la princesse avait été aimable avec lui, et combien elle était belle. Il brûlait d’être au lendemain pour entrer au château et pour tenter la chance. Mais le compagnon de voyage secouait la tête d’un air triste. « Je t’aime bien, dit-il, nous aurions pu rester longtemps encore ensemble ; faut-il que je te perde déjà ! Pauvre Jean ! j’ai envie de pleurer, mais je ne veux pas troubler ta joie, le dernier soir peut-être que nous passerons ensemble. Allons, soyons gais, bien gais ; je pleurerai demain, quand tu seras parti. »

Dans la ville, tout le monde savait qu’un nouveau prétendant s’était offert ; aussi l’affliction était générale. Les théâtres étaient fermés, les marchands de gâteaux avaient enveloppé de crêpes leurs porcs de sucre, le roi et les prêtres étaient à genoux dans l’église, et grande était la douleur : Jean réussirait-il mieux que les autres ?