Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/157

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Dans la soirée, le compagnon de voyage prépara un grand bol de punch, et dit à Jean qu’ils allaient s’amuser, qu’ils allaient boire à la santé de la princesse. Mais, lorsque Jean eut bu deux verres, sa tête s’alourdit malgré lui, ses yeux se fermèrent, il s’endormit. Le compagnon de voyage le souleva doucement de sa chaise et le porta dans son lit. Puis, quand la nuit se fut épaissie, il prit les grandes ailes du cygne et se les attacha aux épaules. Il mit dans sa poche la plus grande des verges que la vieille femme lui avait données, ouvrit la fenêtre, et s’envola, par-dessus la ville, jusqu’au château de marbre. Là, il s’assit dans un coin, sous la fenêtre de la chambre à coucher de la princesse.

Un profond silence régnait sur la ville. À minuit moins un quart, la fenêtre s’ouvrit, et la princesse, avec de longues ailes noires, enveloppée d’un large manteau blanc, s’envola par-dessus la ville jusqu’à une grande montagne. Le compagnon de voyage se rendit invisible, et suivit la princesse en la frappant de sa verge jusqu’au sang. Ouf ! quel voyage à travers les airs ! Le vent saisit son manteau et le déploya comme une voile de navire : la lune brillait au travers. « Comme il grêle, comme il grêle ! » disait la princesse à chaque coup de verge.

Ces coups de verge, elle les avait bien gagnés.